Des taches noires menacent Lascaux

"Une élévation de température a favorisé la prolifération d'un champignon dans la célèbre grotte. Le réchauffement climatique pourrait en être la cause.

Une porte de chêne, qu'encadre un lourd appareillage de pierre, en bas d'un escalier taillé dans la colline. C'est l'entrée de la grotte de Lascaux, à Montignac (Dordogne) tel qu'elle a été aménagée dans les années 1950 pour permettre les visites. Aujourd'hui, l'épais vantail ne s'ouvre que rarement. Dès 1963, la grotte a été fermée au public.
Désormais, même les techniciens et les archéologues sont contraints de réduire au strict minimum leurs incursions. Lascaux est malade. « Cet été, des taches noires sont apparues sur les parois », confirme Marc Gauthier, président du comité scientifique qui veille sur la santé du site. Alerte générale. Le joyau de l'art préhistorique a traversé intact dix-sept millénaires. Mais, depuis sa découverte, le 12 septembre 1940, par quatre gamins en balade, il n'en finit pas d'accumuler les pépins.
« La série a commencé dès 1948 quand le conservateur du site, Max Sarradet, a constaté que des coulées d'eau menaçaient de délaver les peintures », raconte Marie-Anne Sire, administratrice de la grotte. Les coupables sont vite identifiés : les visiteurs. Il en vient jusqu'à 1 500 par jour. Aucune précaution n'est prise. « On pouvait fumer, des gens apportaient leur casse-croûte. »
Trop de gaz carbonique
Dans la grotte-barnum, l'atmosphère se réchauffe légèrement, amenant un phénomène de condensation. Vite, un système de ventilation est mis en place. Il n'empêchera pas, dès 1962, le développement de microalgues. C'est la « maladie verte », de grandes plaques qui seront traitées au formol. Puis l'année suivante, la « maladie blanche », un voile opaque - en fait de petits cristaux de carbonate de calcium - provoqué par le gaz carbonique de la respiration. Il est si abondant que, parfois, pendant les visites, on signalait des évanouissements.
Cette fois, c'en est trop. En janvier 1963, le duc de La Rochefoucauld, propriétaire du terrain, décide de stopper les juteuses visites. Six mois plus tard, André Malraux, ministre de la Culture, rend la mesure définitive. La grotte est vendue à l'État qui autorise la construction du « fac-similé », Lascaux II, réplique superbement réussie où 280 000 touristes viennent s'extasier chaque année devant les chevaux et les cerfs aux couleurs de feu (...)"

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